A trois semaines de sa présentation officielle en Conseil des ministres, le projet de loi «Entreprises» concocté par Christian Jacob, le ministre délégué au Commerce, attend ses derniers arbitrages. Sur la réforme de la loi Galland, qui encadre les rapports entre distributeurs et fournisseurs depuis 1996 et qui constitue une partie du nouveau projet de loi, Matignon vient de rendre son verdict. Jean-Pierre Raffarin a choisi de plafonner les marges arrière (les sommes sans cesse croissantes versées par le fournisseur à son distributeur sous prétexte de mise en avant de ses produits) à 20 % de la valeur totale des produits (article 36). Las, ces derniers mois, toutes les études montrent que ces ristournes encaissées par les grandes enseignes dans une parfaite opacité, représentent jusqu'à 32 %, en moyenne, du tarif des produits de grandes marques vendues en hypers.
La décision raffarinienne risque donc de faire grincer quelques dents chez les industriels partenaires des grandes enseignes (ils vont continuer à cracher au bassinet) et aussi dans la majorité : il y a quelques semaines, le député UMP Luc Châtel, patron de la mission d'information parlementaire sur la réforme de la loi Galland, avait décidé de ramener progressivement les marges arrière à 10 % de la valeur totale des produits, histoire de faire baisser les prix. Mais pour les Centres Leclerc, la messe est déjà dite: «Faire baisser ces marges à 20% ne fera pas baisser les prix», a tranché hier Michel-Edouard Leclerc.
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