Ils avaient derrière eux une carrière de grand sportif, ils étaient champions de boxe thaïe ou de karaté. «Des baraqués qui semblaient n'avoir peur de rien», témoigne leur avocate. Puis ils ont travaillé comme agents de sécurité à la RATP. Ils étaient ces hommes en bleus, armés d'un calibre 38 et d'un tonfa, chargés de rassurer le quidam dans les couloirs du métro et les bus parisiens. Depuis, certains se réveillent la nuit, d'autres se soignent aux antidépresseurs, enchaînent crises de tétanie ou problèmes dermatologiques. «On en a fait des hommes aux aguets», dit l'avocate.
Demain, ils seront dix à poursuivre la RATP pour harcèlement moral aux prud'hommes de Paris. Ils disent avoir subi, entre 2001 et 2003 surtout, des humiliations, des sanctions injustifiées, des menaces. Racontent avoir été menés jusqu'à l'épuisement. «La distinction entre management exigeant et harcèlement moral est une affaire de dosage et de regard, réfute Noël Planquelle, directeur de l'unité sécurité de la RATP. Ces agents utilisent la procédure de harcèlement pour exprimer leur mécontentement, échapper à leur médiocrité professionnelle ou déstabiliser leur hiérarchie.»
Bombardés. Tous sont entrés à la RATP comme agents de sécurité il y a une dizaine d'années, recrutés dans les salles de sport pour leurs capacités sportives et leur pratique à haut niveau d'un sport de combat. Neuf d'entre eux ont vite été bombardés formateurs, sans en avoir le titre ni le salaire. Au sein du département environnement