Tokyo de notre correspondant
Le Japon reste définitivement le dernier bastion où Airbus se casse les dents depuis bientôt trente ans. Hier, Japan Airlines (JAL), première compagnie aérienne japonaise, a fait savoir, via des documents écrits, qu'elle n'entendait pas doter sa flotte d'Airbus jusqu'en 2008. Voire au-delà. De quoi saper le moral du coprésident d'EADS, Noël Forgeard, persuadé que «le Japon finira bien par acheter nos avions» (Libération du 13 janvier 2005). Face à Boeing, qui règne en maître, la partie s'annonce donc très difficile. D'autant que, d'après une source proche du dossier, «le constructeur américain n'hésite pas, quand ça lui est utile, à pratiquer le cash-back avec JAL (remboursement d'argent sur des ventes antérieures effectuées à des prix jugés surévalués, ndlr) ni à brader ses avions vendus en gros avec plusieurs modèles offerts». Le PDG de JAL, Isao Kaneko, passe en outre pour «un patron japonais à la solde de Boeing». Dans l'entourage d'Airbus, on affirme que Kaneko est un pro américain convaincu. «Tant qu'il sera à son poste, Airbus ne passera pas. Quand il rentre aux Etats-Unis, où il possède une résidence privée, il est savonné par les milieux politiques et d'affaires américains.» JAL excluant désormais d'acquérir dans un avenir proche des petits et moyens porteurs Airbus, le constructeur européen va rechercher son salut asiatique en pariant sur la Chine.
Et tenter de décrocher inlassablement des contrats au Japon... en poursuivant sa campagne d