Kuala Lumpur (Malaisie), envoyé spécial.
En novlangue diplomatique, on appelle ça une «bilatérale sensible» : la contrefaçon. La rencontre mettait aux prises lundi dernier le ministre délégué au Commerce extérieur français, François Loos, et le vice-ministre du Commerce intérieur et de la Consommation de Malaisie, Datuk S. Veerasingam. Selon Loos, en visite cette semaine dans trois pays d'Asie du Sud-Est (Singapour, Malaisie et Philippines), la contrefaçon prive la France de «30 000 emplois» et entraîne «10 % de pertes» pour les firmes victimes. «C'est un danger réel, un circuit d'argent sale», sermonne-t-il. «Oui, oui, bien sûr», sourit le Malaisien. «A force de compromis, on ne lutte pas», ajoute le Français. «On est très sérieux sur le sujet», répond son homologue.
Les compromis ? Une plongée dans Kuala Lumpur donne une idée de l'ampleur de la seule piraterie des disques optiques (CD, DVD, CD-ROM). «Chaque jour, un vidéoclub est créé», assure ainsi un vendeur. Parfois même, comme dans un quartier chic de Kuala Lumpur, devant un poste de police... Le prix d'un article ? Deux euros en moyenne. «Sur simple commande, n'importe quel film ou jeu vidéo est accessible», promet le vendeur. Les usines produisant des répliques pullulent, souvent au sein même des sites de fabrication officiels. La Malaisie, est, selon Washington, le premier exportateur mondial de logiciels de jeu piratés. La Motion Picture Association, l'association des producteurs de films américains, a placé le pays