(à Washington)
«Bras d'honneur», «provocation pure», «désastre diplomatique»... Experts ou ONG spécialistes du développement ne savaient plus hier comment qualifier la proposition de George W. Bush de placer Paul Wolfowitz, l'actuel secrétaire adjoint à la Défense américaine, à la tête de la Banque mondiale (BM). Il pourrait remplacer James Wolfensohn, patron sortant en juin après deux mandats de cinq ans dans le bailleur de fonds des projets de développement dans le monde. Wolfowitz est «un homme qui a du coeur», a justifié hier le président américain. Il est surtout au coeur de la philosophie des néoconservateurs de l'administration Bush, artisans de la guerre en Irak.
Révélé il y a une semaine par le Financial Times avant d'être démenti par le Pentagone, ce choix «est un missile politique, assure un économiste du développement. Wolfowitz est un monétariste convaincu, libéral forcené, qui a passé sa carrière à faire l'apologie de l'unilatéralisme et à taper sur les institutions multilatérales». Il fait suite à une décision déjà très controversée de la Maison Blanche de nommer John Bolton, un autre faucon de l'administration Bush, comme ambassadeur américain aux Nations unies.
Faut-il y voir une façon d'écarter le chef de file des «néo-cons» de l'administration «Bush 2» ? Peut-être. «Il y a surtout de la constance et de la cohérence chez Bush à vouloir torpiller les institutions internationales», note Bruno Rebelle, de Greenpeace International. Et ce alors que James Wolfensohn