Tokyo de notre correspondant
Adieu les statistiques officielles. Pour cerner une économie japonaise qui croît, mais au ralenti (lire ci-dessous), vive le j-sense ! Comprenez le «sens japonais», le nouveau credo. L'expression désigne, au Japon, l'ensemble des tendances issues des désirs de consommation et d'attitude des jeunes générations : des ados aux dix millions de jeunes âgés de 20 à 25 ans, jusqu'aux trentenaires au pouvoir d'achat considérable. Dans un pays vieillissant (25 % des Japonais auront plus de 65 ans d'ici à 2015), ce sont ces classes d'âge qui achètent, décident et font les tendances dans la mode, le design, la musique j-pop (pop nippone), les jeux vidéos, l'art, la bande dessinée (manga) ou le cinéma. Puissant au Japon, le j-sense s'exporte aussi. «Depuis les années 60, constate Osamu Noriai, professeur d'économie à l'université Reitaku de Tokyo, l'économie du Japon reposait sur la recherche et le développement. Elle dépendait du hardware, automobile, sidérurgie et électronique. Son succès global était lié à ses performances à l'import-export. Aujourd'hui, le hardware n'est pas dépassé. Au contraire. Mais peu à peu, on voit bien que le Japon émerge comme puissance culturelle. Il exporte ses films, ses mascottes, sa gastronomie, son art de vivre, ses écrivains... Il propose une vision.»
L'activité économique engendrée par les trend-setters ou «faiseurs de tendance» (1) est si dynamique qu'elle a donné lieu à une formule entrée dans le vocabulaire courant : le