La flambée du cours des matières premières est telle qu'il est possible aujourd'hui d'augmenter brutalement ses tarifs de 71,5 % sans s'attirer les reproches de ses clients. C'est ce que vient de faire, au Brésil, la Companhia Vale do Rio Doce (CVRD), premier producteur et exportateur mondial de minerai de fer, qui sert notamment à fabriquer l'acier. Une mauvaise nouvelle pour Arcelor, qui dépend à 40 % de CVRD pour ses approvisionnements, et les autres groupes sidérurgistes de la planète qui n'ont pu obtenir de leur fournisseur une hausse de prix raisonnable. Le minerai trouvera de toute façon preneur, tant la demande chinoise est élevée. Aidé par la flambée des prix, CVRD a annoncé lundi des profits astronomiques en 2004, les plus élevés de son histoire : 6,46 milliards de reais de bénéfices nets (1,8 milliard d'euros), soit 43,3 % de plus qu'en 2003.
Au port de Tubarão, à Vitória, capitale de l'Etat d'Espírito Santo, la demande est telle que les navires doivent attendre leur tour pour jeter l'ancre. «Il y a une file pour les deux mois à venir, se félicite Dany Policarpo, ingénieur à CVRD. Avec la hausse de nos exportations, le port fonctionne à plein régime.» De Tubarão, un des trois ports de CVRD, part la production des mines exploitées par le groupe dans l'Etat voisin du Minas Gerais, d'où vient la plus grande partie de son minerai. Dans un grand vacarme, le dumper déverse le minerai de fer, qui arrive par wagons de 80 tonnes depuis les mines, reliées au port par quatre