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Libération

La Banque mondiale redoute son boss

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L'arrivée de Paul Wolfowitz à sa tête inquiète nombre de fonctionnaires de l'institution.
publié le 1er avril 2005 à 1h22

à Washington

Passé la surprise de l'annonce de la nomination de Paul Wolfowitz à la tête de la Banque mondiale, qui a été confirmée hier par le conseil d'administration, les 10 000 fonctionnaires (dans le monde) de la plus grande institution de développement se demandent ce qu'il va advenir d'eux. Il est déjà clair que Paul Wolfowitz, idéologue néoconservateur, ne suivra pas la trace de son prédécesseur James Wolfensohn, milliardaire nommé par Bill Clinton. Tous les employés se sont donc mis en position d'attente, même les plus hostiles. «Recontactez-nous quand il sera en place, on vous dira...», souffle un cadre qui avait pourtant promis sa démission en cas d'arrivée du numéro 2 du Pentagone.

«Sir, yes sir !» Dans l'immense immeuble de la Banque mondiale, à deux pas de la Maison Blanche, à Washington, la grogne ne se manifeste pas par des happenings ou des dazibaos affichés sur les murs. Elle transite via les blagues aigres-douces qu'on s'échange par e-mail. «Nouvelle règle, toute réponse à un supérieur devra désormais être : "Sir, yes sir !"» La très grande majorité des employés a été choquée par le choix de la Maison Blanche. «Ici, si on avait pu voter lors de la présidentielle, Kerry l'aurait emporté à plus de 90 %», constate un économiste. Et le «silence coupable» des Européens, qui ont avalisé mercredi le choix de Bush, en a déçu plus d'un : «Ah ça, s'agace une responsable de la Banque en Afrique, quand il faut faire des phrases pour sauver l'Afrique, les Blair et les Ch