Petit air de campagne hier place Vauban, à deux pas du ministère de l'Agriculture à Paris. Les adeptes du bio s'étaient donné rendez-vous pour un pique-nique militant à l'appel de la Fédération nationale d'agriculture biologique des régions de France (Fnab), qui revendique 6 000 adhérents sur les 11 000 exploitations bio françaises. «Attention aux pelouses», s'égosille une organisatrice, tentant de canaliser les participants venus défendre, à grand renfort de victuailles, un bio français en crise.
Pionnière dans les années 70, la France est aujourd'hui tombée au treizième rang européen. Le bio souffre d'un paradoxe : si la demande augmente (+ 13 % en 2004), le secteur a reculé de 4 % l'an passé. L'explication, selon la Fnab : les Français consomment du bio importé à prix cassés, en provenance de pays où les produits sont subventionnés. «La production des autres pays européens, moins chère, est mieux distribuée», analyse Joël Durand, trésorier de la Fnab. Illustration dans la filière laitière, où 30 à 50 % des produits bio français sont vendus sans le label, affirme Jean-Claude, producteur en Maine-et-Loire : «Pour les transformateurs et distributeurs, c'est plus rentable d'importer que d'acheter français.»
Selon la Fnab, une exploitation classique peut recevoir jusqu'à 40 % d'aides de plus qu'une exploitation bio. «Au début, on était une poignée de gens supermotivés, raconte René, dans le bio depuis vingt-cinq ans. Puis le bio s'est envolé dans tous les pays sauf en France, qu