Faire rentrer la microfinance à la Bourse de Paris tiendrait de la foire aux illusions. Pas forcément dans les pays en développement, qui ont une longueur d'avance sur un système de prêt qui concerne aujourd'hui 70 millions de démunis dans le monde. La preuve : le microcrédit fera ce lundi son entrée à la Bourse de Nairobi. Une première en Afrique. Le ministre kényan des Finances a lancé jeudi la première émission d'obligation portée par une ex-ONG transformé en société anonyme, Faulu («Réussir» en souahéli). Faulu met sur le marché 500 millions de shillings (5 millions d'euros) d'obligations pour lever de l'épargne sur la place financière locale et développer sa capacité d'intervention.
Un pari impossible sans le soutien d'une agence internationale de développement. Surprise, le coup de pouce est frenchy. Il vient de l'AFD, l'Agence française de développement. Elle garantit l'opération à hauteur de 75 % (capital et intérêts, soit un montant maximal de 6 millions d'euros). Certes, à l'échelle de l'AFD, qui a 108 millions d'euros d'engagement dans des projets au Kenya, le programme n'a rien de révolutionnaire. «Il vise à démarginaliser la microfinance», assure Pascal Pacaut, directeur régional de l'AFD. Mais, au moment où beaucoup de pays donateurs (qui se réunissent lundi et mardi à Nairobi) boudent un pays en délicatesse avec la corruption, et «où les institutions bancaires classiques sont frileuses», ajoute Pacaut, c'est une tentative de lutte, même à petite échelle, contre