Une fiscalité européenne sur le secteur aérien pour aider les pays pauvres ? On en est loin, «pas avant, au mieux, deux ans, vu la nécessaire unanimité des Etats membres», souffle un proche de Louis Michel, commissaire au Développement, mais «ça bouge, comme jamais». «Nous avons demandé à la Commission d'approfondir son analyse pour la réunion informelle du mois de mai sur les propositions franco-allemandes de taxation du kérosène ou des billets aériens», a ainsi assuré, hier à Luxembourg, le ministre allemand Hans Eichel, lors d'une réunion de 25 grands argentiers.
Sur leur table, une étude commandée il y a deux mois au commissaire à la Fiscalité, le Hongrois László Kovács. «Un simple papier de réflexion qui évoque les différentes taxes», dit sa porte-parole. Un peu plus, en fait. La preuve : il évoque une taxation sur le kérosène de 330 euros pour 1 000 litres sur les vols intracommunautaires, qui pourrait lever 6 ou 7 milliards d'euros annuels. Et une surtaxe de 10 euros sur les billets d'avion pour les vols intérieurs et de 30 euros pour les vols hors Europe ramènerait 6 milliards d'euros de rab.
«12 milliards par an, c'est quatre fois ce qu'il faut pour financer l'éducation primaire en Afrique subsaharienne», rappelle Jacques Cossart (Attac), qui se félicite de l'émergence d'«une volonté politique». Reste que si Paris et Berlin, promoteurs d'une telle taxe, sont appuyés par le Benelux, le parti du tourisme (Espagne, Grèce, Portugal, Malte ou Chypre) grince des dents. Et A