Kiev envoyée spéciale
Au restaurant Osobniak, très prisé des nouveaux riches locaux, Victor Pintchouk reçoit à déjeuner le gratin des experts ukrainiens, des diplomates occidentaux et le ministre des Affaires européennes du pays. Hier encore, l'oligarque, gendre du président sortant Léonid Koutchma, soutenait l'ancien régime renversé par la «révolution orange». Mais aujourd'hui, il cherche à se replacer et surtout à préserver son empire. Pour avoir remporté l'une des privatisations les plus douteuses de l'ère Koutchma (1994-2004), celle de la première aciérie du pays, Krivorijstal, il est désormais une cible du nouveau pouvoir.
Image de victime. Motif de ces mondanités : la présentation du premier sondage européen sur l'entrée de l'Ukraine dans l'Union. Moins frileuses que leurs gouvernements, les opinions s'y montrent en majorité favorables. Pintchouk, 44 ans, l'ex-fidèle du prorusse Koutchma, se veut un Européen fervent. Il est l'un des fondateurs du Yalta European Strategy, un groupe de pression international, à l'origine de ce sondage, qui milite pour l'adhésion de l'Ukraine. «Nous voulions vous expliquer notre initiative, dit-il au ministre, et voir si l'on peut coordonner notre action.»
Pintchouk (dont le groupe Interpipe regroupe un combinat de tubes industriels, une banque, des assurances, quatre chaînes de télé...) sait sentir d'où vient le vent. Député, à l'instar de nombreux hommes d'affaires qui voyaient là un moyen de défendre leurs intérêts, il se garde de se décl