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Libération

Chasseur de têtes de banlieue

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publié le 18 avril 2005 à 1h49

Jérémy a une maîtrise de management. Il a 26 ans, présente plutôt bien, il est le candidat idéal au casting de l'embauche. Mais voilà, Jérémy habite Bondy, banlieue populaire au nord de Paris, et la simple mention de sa ville plombe son CV et le disqualifie auprès des employeurs. Il a ramé pour décrocher un job et encore, pour l'instant, il n'est qu'en CDD. «Il existe dans les quartiers des gens de valeur, des jeunes diplômés qui galèrent pour trouver un job, du fait de leur lieu d'habitation, explique Karim Zeribi, président de l'association APC (Agir pour la citoyenneté). Nous avons donc décidé de créer APC Recrutement, le premier cabinet de recrutement associatif (1) qui va présélectionner les meilleurs éléments issus de ces zones-là.»

Premier chasseur de têtes de banlieue, APC fonctionne comme un cabinet classique de recrutement avec la même exigence de qualité des candidats, sauf qu'il met à disposition de ses clients les compétences de managers issus de quartiers et de villes que les responsables des ressources humaines sont incapables de placer correctement sur une carte. Déjà au printemps 2004, un testing de CV réalisé par l'agence d'intérim Adia avait montré qu'un habitant de Mantes-la-Jolie n'était pas le mieux loti pour trouver un emploi. Une enquête Ifop, commandée par APC et réalisée en fin d'année 2004, a montré que pour 91 % des personnes interrogées (2) l'accès à l'emploi dans le monde de l'entreprise était difficile quand la personne était issue des quartiers