Moscou de notre correspondante
«Surtout, n'écrivez pas en Europe que je gagne plus de 100 000 euros ! Mes collègues là-bas en crèveraient. Ils gagnent beaucoup moins que moi pour le même poste.» Denis, 31 ans et deux ans seulement d'expérience comme directeur d'un grand producteur international de tuyaux , a l'insolence et la malice d'un jeune manager russe qui sent que l'avenir lui réserve pas mal de possibilités. «Cette année, j'ouvre ma première usine pour fabriquer directement nos tuyaux en Russie, une toute nouvelle expérience pour moi», raconte ce chef d'entreprise, qui avoue avoir commencé par des études à l'académie du renseignement militaire soviétique, avant de se lancer dans le commerce. «Ce sera comme mon bébé, ma première expérience dans la production. Ensuite, je pourrai peut-être fonder mon propre business, c'est très excitant.»
Alors que le salaire moyen en Russie n'est encore que de 200 euros, une nouvelle élite de «cols d'or», princes du marketing ou valets du business plan, très jeunes, très ambitieux, et encore beaucoup trop peu nombreux pour les besoins du pays, se rapproche de plus en plus des standards occidentaux, voire les dépasse. «La Russie compte encore un gros déficit de managers capables de résoudre des problèmes complexes, explique Sergueï Martianov, chasseur de têtes au cabinet moscovite RosExpert, spécialisé dans le recrutement des top managers. Nous n'avons, par exemple, que trente ou cinquante directeurs financiers russes capables d'introd