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Libération

Déballages esthétiques

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publié le 18 avril 2005 à 1h49

Hauria, 37 ans, est esthéticienne à Paris.

«Le jour où j'ai commencé, il y a quinze ans, une cliente m'a glissé mon premier pourboire dans la poche. J'étais tellement rouge que je me suis mise à pleurer. Je n'oublierai jamais. Je n'avais pas l'habitude. J'ai eu une éducation très stricte, on ne fréquentait personne. Je ne parlais pas aux gens, je ne savais pas faire. Mon père m'avait dit : "Fais des études si ça t'amuse, après, tu reviens à la maison." Moi, je savais que je continuerais. J'en ai toujours fait qu'à ma tête. Je voulais être esthéticienne parce que je croyais que j'apprendrais à m'occuper de moi, que ça me rendrait belle. En fait, je passe ma vie à m'occuper des autres. Mais ça me plaît.

Je me lève à 6 h 30 pour m'occuper de ma fille. Je l'élève toute seule. Avec 1 400 euros par mois, ce n'est pas toujours facile. J'essaie d'avoir une clientèle à domicile, le soir, pour arrondir les fins de mois. J'arrive au salon à 8 h 30, je prépare toutes les machines : rajouter de l'alcool, préparer la cire à épiler, nettoyer les appareils... On voit une quinzaine de clients par jour, à la chaîne. Dès que je peux, je prends un peu plus de temps pour eux. S'ils "souffrent", par exemple, ça me fait mal au coeur : j'arrête, je laisse souffler. Mon truc, c'est les poils et les ongles, tout ce qu'il faut enlever. Epilation, gommage, massage... A chaque fois, je vois les clients se transformer : ils arrivent stressés, ils repartent détendus, ils se sentent beaux. Je me dis que c'es