Moscou de notre correspondante
Rédactrice en chef à 21 ans, est-ce bien raisonnable ? Shakri Amirkhanova éclate de rire : «Oui, c'était il y a cinq ans, j'ai entendu dire que c'était un record mondial, mais je n'ai pas vérifié. Et c'est bien dommage que ce soit inhabituel, car c'est la jeunesse qui est pleine d'énergie !» La rédactrice en chef du Harper's Bazaar russe, version locale du célèbre magazine de mode international, reçoit sur un canapé qui occupe l'essentiel de son bureau, et ne cesse de parler de drive (énergie). «J'ai commencé à travailler à l'âge de 13 ans, parce que je voulais faire autre chose que juste aller à l'école, raconte Shakri, qui avoue maintenant 26 ans. Via des amis, j'ai fait la connaissance de "Independent Media" (un groupe de presse moscovite, tout petit à l'époque, qui édite le Moscow Times et aujourd'hui aussi le Harper's Bazaar, ndlr). J'ai fait croire que j'avais 16 ans et proposé d'aider à traduire les articles des journalistes, puisque je parlais déjà anglais. C'est comme ça que tout a commencé.»
«Croissance folle». Née au Daguestan, république voisine de la Tchétchénie, petite-fille d'un célèbre poète daguestanais et fille d'un archéologue monté à Moscou alors qu'elle avait 2 ans, Shakri Amirkhanova ne cache pas qu'elle a profité du «milieu intellectuel» où elle a grandi. A 14 ans, elle a pu partir étudier aux Etats-Unis, puis revenir faire la faculté de journalisme de Moscou, et enfin le collège de la mode à Londres. «Mais si j'ai réussi,