Pour le patron de la Fnac, les jeunes n'ont décidément plus de sens moral. «Quand je piquais un disque parce que je n'avais pas assez d'argent, j'avais conscience de faire quelque chose de mal», raconte Denis Olivennes face à une centaine d'étudiants venus hier au Centre Pompidou à Paris pour débattre du téléchargement gratuit via l'Internet, à l'initiative du ministère de la Culture. Du coup, il ne «comprend pas» pourquoi la salle s'insurge que «les gens qui piquent [de la musique sur l'Internet] se fassent gauler». Pendant deux heures, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, Denis Olivennes, mais aussi Vincent Frérebeau, du label Tôt ou Tard se heurtent à un public en majorité acquis aux échanges de musique et de films via les services de peer-to-peer (P2P). «C'est un phénomène culturel. Au lieu de se dire qu'il faut un gendarme, pourquoi ne pas l'aborder ainsi ?», interroge un étudiant à lunettes. «Vous êtes bien mignons, mais on n'arrêtera pas les échanges», s'agace une jeune femme. Tous deux applaudis par un public mêlant curieux de passage et étudiants en droit ou en communication. Plusieurs d'entre eux rappellent notamment que le P2P permet de faire des «découvertes» avant d'acheter ou d'aller au concert. Pour faire entendre raison aux frondeurs, tout y passe. La compréhension, avec Donnedieu qui assure : «Nous ne sommes plus dans le tout-répressif.» Ce qui agace Aziz, lycéen de 17 ans, qui rappelle «les gardes à vue et même un toucher rectal» subi par
Musique en ligne, dialogue de sourds.
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par Florent LATRIVE
publié le 19 avril 2005 à 1h49
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