Marseille de notre correspondant
La grève, jusqu'au bout du rouleau ? Hier, la SNCM (Société nationale Corse-Méditerranée) vivait son seizième jour d'arrêt total, et l'on imaginait mal comment sortir du conflit. Une réunion au secrétariat d'Etat à la Mer avec les grévistes de la CGT, lundi, n'a pas débloqué la situation, alors que les syndicats d'officiers affirment assister «impuissants à une partie de poker entre un secrétaire d'Etat ultralibéral et des marins désespérés».
Les marins de la compagnie maritime publique se battent sur deux fronts. D'abord, le RIF ; récemment adopté par le Sénat, le Registre international français permet d'embaucher sur les bateaux 65 % à 75 % de marins non communautaires, payés selon les lois sociales de leur pays (lire ci-contre). Pour la CGT, c'est un pavillon de complaisance réclamé par les armateurs français qui y voient leur seule chance de survie face à la concurrence. Si le gouvernement s'est engagé à ce que le RIF ne s'applique pas aux navires de la SNCM, seul un accord de branche donnerait une «confirmation juridique de cet engagement», notait lundi le secrétaire d'Etat aux Transports et à la Mer, François Goulard. «Vu que le RIF est une des revendications des armateurs, ce n'est pas gagné», juge Jean-Paul Israël, secrétaire général des marins CGT de Marseille.
«Démantèlement». L'autre souci concerne la privatisation. L'Etat, principal actionnaire, estime inévitable une ouverture du capital, chiffrant les pertes de 2004 à plus de 25 mil