Schirmeck envoyée spéciale
«Je reconnais que c'était maladroit de ma part.» Après une réunion organisée en urgence hier après-midi à la sous-préfecture du Bas-Rhin, à Molsheim, le PDG de Sem-Suhner, Michel White, a fini par comprendre que sa proposition de reclasser en Roumanie neuf salariées, licenciées économiques, pour un salaire de 110 euros bruts pour 40 heures, n'était pas du goût de tout le monde. D'Adrien Zeller, président du conseil général d'Alsace, à Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale et de l'Emploi, la proposition, «moralement et humainement inacceptable», a suscité un tollé. «On savait qu'on pouvait délocaliser les machines. Maintenant, c'est les salariés qu'on délocalise !», vitupère Alain Brignon, de la CFDT, venu en renfort dans cette entreprise dépourvue de représentant syndical depuis plusieurs années.
«Naïvement». Pourtant, le matin encore, le fils du fondateur de cette usine de transformateurs d'appareils électriques, fraîchement propulsé aux commandes de l'entreprise, n'avait pas du tout l'air de saisir où était le problème. «110 euros bruts, en France, ce n'est pas assez. Mais en Roumanie, ça suffit», affirmait-il, ajoutant que l'ancienneté de ces neuf femmes, qui travaillent à l'assemblage depuis plus de vingt-cinq ans, était prise en compte dans les 110 euros. Soit un bonus de 30 euros par mois... conformément au droit du travail roumain, qui aurait été appliqué si les salariées avaient accepté l'offre. Aucune n'y a donné suite.
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