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Adapter l'outil, ça paie

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publié le 2 mai 2005 à 2h01
(mis à jour le 2 mai 2005 à 2h01)

«Ce contrat est plutôt exceptionnel», remarque Bernard Dugué, ergonome au laboratoire européen d'ergonomie de Bordeaux-II. En 2001, une coopérative landaise d'abattage et de découpe de canards le sollicite pour réorganiser son atelier. Couteau à la main, des gestes de découpe répétitifs, magret droit, gauche, 11 000 canards à l'heure, travail peu valorisé et stressant : les conditions idéales pour attraper des TMS. «Trois ouvriers sur quinze étaient en maladie professionnelle, sans oublier ceux qui souffraient en silence», explique l'ergonome. La coopérative, en plus de préserver la santé de ses employés, souhaite les fidéliser. «Le turn-over était tel qu'il était difficile de s'engager dans des démarches qualité.» Elle dépense plus d'un million et demi d'euros dans la réorganisation, 15 000 pour se débarrasser, dès l'abattoir, du cou du volatile qui gênait la découpe des magrets. «Le projet a été mené avec les remarques des ouvriers. Ils se sont sentis valorisés.»

L'entreprise a divisé les cadences par deux, 500 à 600 canards sont désormais embrochés sur les obus, mais d'une chaîne, elle est passée à deux. L'équipe est passée de 15 à 25 salariés et s'est féminisée. «Les installations sont plus rentables», l'ouvrier s'applique à découper, «30 grammes de viande ont été gagnés par magret». Le coût de l'investissement a été amorti en un an et demi, alors que l'usine pariait sur trois. «Mais le raisonnement fonctionne quand la matière travaillée est valorisée, note Bernard Dugué,