«Noooon ! Ne déplacez pas mes fleurs ! Ne collez pas d'affiche ! N'approchez pas du bar !» Le personnel du Sofitel des Champs-Elysées est tout chose, ce midi. Une centaine de précaires et de chômeurs viennent d'investir le hall de l'hôtel du VIIIe arrondissement parisien d'un «Alors, la France d'en haut, ça va ?». Silence. «On est la partie immergée de l'iceberg du mauvais emploi», tente de glisser un activiste à un salarié. «Vous ne voulez pas travailler, ça se voit, s'agace un barman. Faut se salir les mains pour manger. Venez demain, on vous embauche.» «Ah bon ?, rétorque un adhérent d'AC ! (Agir ensemble contre le chômage), OK. Mais quand vous verrez que les décideurs vous sacrifient sur l'autel de la rentabilité en faisant de vous de la chair à canon d'objectifs financiers, vous changerez de regard...» Un blanc. «Mais, on n'a pas le droit de licencier sans raison», s'exaspère une jeune employée. «Mais putain, lisez la presse ; tous les jours, on vous raconte le contraire, rétorque un manifestant. Et arrêtez avec vos "chômeur = fainéant". Ouvrez les yeux !» Dialogue de sourd au coeur d'un happening bruyant. Suivi d'un remake plus soft mais encadré par les policiers dans un autre Sofitel, près du Trocadéro.
«Du possible, sinon j'étouffe.» C'est sous ce slogan que l'EuroMayday parisien, déclinaison d'une journée mondiale d'actions contre le «précariat», a mobilisé le désir de faire «la fête à l'emploi» plutôt que la sempiternelle «fête au travail» (lire aussi page 13). Du p