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Libération

Malades de travail

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Mains paralysées, épaules usées... Nouvelle épidémie, les «troubles musculo-squelettiques» se répandent parmi les salariés, qui préfèrent se taire. De peur d'être licenciés.
publié le 2 mai 2005 à 2h01

Dans une publicité pour un chocolatier aux couleurs lilas et blanc, une marmotte emballait les plaques, aidée par des rennes. A l'usine des Fromagers de Thiérache (200 ouvriers), pas de vision onirique, de sapins enneigés, de chalet montagnard, mais une superposition de bâtiments de différentes époques, brique rouge, béton et structure métallique. Dans l'unité d'emballage de fromages, où la température est de 12 °C, les ouvriers ­ majoritairement des femmes ­ charlotte bleue ou transparente sur la tête, blanc de travail zippé et bottes en caoutchouc aux pieds, enveloppent 2 000 fromages à l'heure et les superposent dans des colis. Les clac' clac' métalliques des trois chaînes d'emballage et du tapis roulant remplacent le tintement des clochettes de la réclame chocolatée.

L'entreprise a eu beau investir 10 000 euros dans de nouvelles machines qui mettent les fromages à hauteur d'homme et dispensent les ouvriers de porter les grilles de 6 kg de maroilles ou de vieux-lille, on se plaint encore du dos, des épaules, des coudes et des poignets. «Je suis en maladie professionnelle pour mes bras», explique Christine, 43 ans, vingt-cinq passés à emballer de la crémerie, tendinites à répétition et opération du canal carpien de la main gauche. Elle continue tout de même à évoluer entre les tire-palettes et les boîtes cartonnées : «On est trois ou quatre ici à avoir été opérés. Il y en a plein en maladie professionnelle». Christine a retrouvé un poste dans l'entreprise, à la palettisatio