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Libération
Interview

Terminus au prochain arrêt

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Vingt-quatre ans à emballer des cosmétiques et Mylène est licenciée pour inaptitude.
publié le 2 mai 2005 à 2h01
(mis à jour le 2 mai 2005 à 2h01)

«Depuis novembre, je n'ai pas mis un pied dans mon entreprise, sauf pour mon entretien de licenciement. Pourtant, mon travail, j'y pense la nuit, quand je mélange la farine et le lait d'une sauce béchamel, quand je passe un coup de balai. Mes douleurs à l'épaule gauche et droite sont là pour me le rappeler.

Je suis entrée dans cette entreprise à 16 ans, un job d'été. A 19 ans, j'ai été embauchée comme technicienne de production au conditionnement. J'ai maintenant 43 ans, j'en ai donc bouché des petits pots de crème, collé des étiquettes sur des mascaras, et emballé des tubes de rouge à lèvres. Une chaîne de 10 mètres de long, de 1 500 à 2 000 produits à l'heure, des cadences rapides, des gestes répétitifs, dans la chaleur. Toutes les conditions pour attraper toutes sortes de douleurs aux articulations.

Ça m'est arrivé au printemps 2003. Mon épaule gauche a cédé. Le chirurgien m'a fait deux trous dans l'épaule pour sectionner un bout de l'os qui risquait de casser le tendon. J'ai été en arrêt maladie jusqu'en octobre 2004. Mon salaire était versé en totalité grâce à la reconnaissance en maladie professionnelle. J'ai repris le travail en novembre, bien obligée, car la Sécurité sociale, pour faire pression sur mon employeur, refusait de me payer davantage de congés. J'ai récupéré 99 % de mes capacités au bras gauche et été diagnostiquée en consolidation avec séquelles.

Je redoutais le retour à la chaîne. On m'avait rapporté que les filles disaient que j'étais une feignante. Le res