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Les Vosges détricotées

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Dépôts de bilan, emplois supprimés : le département voit toute la branche s'effondrer.
publié le 4 mai 2005 à 2h02

«J'ai peur qu'on nous laisse crever en silence.» Pascal Febvay, de la CGT textile dans les Vosges, ne dit pas autre chose que les patrons du département. Faute d'intervention rapide de Bruxelles pour limiter les importations de textile chinois, ils prédisent la mort de leurs entreprises à court terme. Y compris les plus compétitives, celles qui ont investi, innové ou travaillent sur des marchés de niche (Libération du 27 décembre 2004).

Enchères inversées. Premiers touchés, les filatures et les tissages. Dont le tissage du groupe Hacot-Colombier près de Gérardmer. Un plan social concerne 35 personnes sur un effectif d'une centaine de salariés. «On a modernisé, investi, mais nous ne sommes plus compétitifs, explique Bruno Leblanc, le directeur financier du groupe. Les acheteurs ne regardent plus que le prix avant de passer des commandes.» Le groupe avait pourtant déjà délocalisé une partie de sa production au Maghreb, il y a quelques années. «C'était le seul moyen de maintenir une activité en France, poursuit Bruno Leblanc. Ce qu'on proposait en plus à nos clients, une qualité, le juste à temps, tout ça n'a plus d'importance depuis le début de l'année...»

Avec la fin des quotas, les donneurs d'ordres se montrent toujours plus gourmands sur les prix. «La grande distribution ne va pas bien, alors ils se fournissent à plus bas prix quitte à changer de fabricants, pour maintenir leurs marges», accuse un patron vosgien. La fin des quotas a aussi permis de généraliser la pratique des