Frédéric, employé chez Cegetel et délégué CGT, déménage chaque année depuis qu'il travaille pour l'opérateur téléphonique. Il a connu tous les étages du bâtiment parisien.
«Chez Cegetel, c'est une valse permanente. Ça fait six ans que je suis là, et j'ai déjà fait les six étages de ma tour de La Défense. Le dernier ? Attendez... ça devait être il y a trois mois. On a bougé d'un bout du couloir à l'autre. En fait, nous sommes déplacés en fonction des fusions et des stratégies du groupe : un jour, ils n'en ont que pour la "convergence" entre la téléphonie mobile et la téléphonie fixe, et on doit tous se regrouper. Un an plus tard, ils nous redispatchent chacun dans notre tour. SFR vient d'acheter un site à Nanterre (Hauts-de-Seine), certains salariés de la "mobilité" doivent y aller, on ne sait pas quand. Ces déménagements incessants, c'est dans la logique des métiers informatiques. On nous demande beaucoup d'adaptabilité : le mot d'ordre, c'est de se former sans cesse aux nouveaux outils. Et puis, pour travailler, il nous faut un ordi, à une distance minimum de la fenêtre, et basta. Ça ne fait pas grand-chose à déménager.
«A chaque fois, vous vous posez la question : pourquoi nous fait-on bouger ? Est-ce un nouveau service qui vient prendre notre place ? C'est un peu stressant. Ce n'est pas fait pour que vous vous sentiez stable dans votre emploi, pour tranquilliser les salariés. On s'aperçoit, concrètement, qu'on est des pions. Les assistantes des chefs de service font les pla