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Libération

Le Sud souffre des dérégulations

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Un rapport démontre les effets pervers de l'aide au développement.
publié le 17 mai 2005 à 2h12

La libéralisation du commerce peut être un frein au développement des pays du Sud. Dans un rapport publié hier, l'ONG britannique Christian Aid raconte comment Inde, Ghana, Jamaïque ont payé un prix lourd à la dérégulation des échanges (1). Avec l'aval de Londres, qui a pendant plus de vingt ans ­ à l'instar des autres capitales occidentales ­ conditionné son aide publique au développement au respect des préceptes du Fond monétaire international et de la Banque mondiale, avant de faire marche arrière.

L'Inde ? Poussés à produire du coton ou du sucre, jugés plus rentables à l'exportation que le riz ou le blé, des fermiers se sont endettés pour acheter engrais et pesticides. Criblés de dettes, plus de 4 000 paysans de l'Etat d'Andhra Pradesh se sont suicidés depuis 1998. «Faute de filets de sécurité, dit John McGhie, l'auteur du rapport, l'Inde n'est pas le miracle de la mondialisation qu'on décrit un peu trop vite...»

La Jamaïque ? Le pays est victime de la nouvelle politique sucrière de l'Union européenne. Condamnée par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'UE doit en effet cesser son aide aux pays Afrique-Caraïbes-Pacifique d'ici 2008. Provoquant une chute des revenus à l'exportation, un boom de la «prostitution et de la drogue», note le rapport.

Le Ghana ? Pour sauver sa filière volaille et riz, son Parlement a augmenté en 2003 les tarifs douaniers de 20 à 40 % sur le poulet (dont les importations ont été multipliées par 10 en dix ans) et de 20 à 25 % les taxes à l'imp