Il ne fait pas bon critiquer les poursuites judiciaires engagées contre les «pirates» qui copient de la musique via l'Internet. Une flopée de représentants de la musique et du cinéma ont récemment expédié un courrier au ministre de la Justice, Dominique Perben, pour se plaindre du président du syndicat majoritaire des magistrats qui avait ainsi osé en appeler à «dépénaliser la musique téléchargée». Cette prise de position a valu au président de l'Union syndicale des magistrats, Dominique Barella, l'ire du Syndical national de l'édition phonographique (Snep), de la société des Auteurs réalisateurs producteurs de films (ARP) ou encore de la Sacem, tous «extrêmement surpris et choqués» et qui remercient d'avance le ministre «des initiatives qu'[il] estimera devoir prendre en conséquence» (1). Cette menace à peine voilée est restée sans suite mais symbolise le durcissement d'une filière secouée par l'irruption du numérique.
Offensive. A l'origine du courroux des industries culturelles, une tribune de Dominique Barella dans Libération du 14 mars. «Quand une pratique infractionnelle devient généralisée pour toute une génération, c'est la preuve que l'application d'une loi est inepte», écrivait le magistrat. Dans sa ligne de mire : les procédures pénales à l'encontre de dizaines d'usagers des services d'échanges gratuits de musique et de films peer-to-peer, accusés de torpiller les ventes de galettes. Depuis l'été dernier, les maisons de disques ont déposé une cinquantaine de plaint