Moscou de notre correspondante
«Le rêve est devenu réalité» : inaugurant hier l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), le président azéri Ilham Aliev avait de vraies raisons d'être lyrique. Ce tuyau de 1 768 kilomètres, qui relie les bords de la mer Caspienne à ceux de la Méditerranée, est la garantie d'une manne de 50 milliards de dollars pour son pays dans les trente ans à venir. Construit par un consortium international sous l'égide des Etats-Unis (1), cet oléoduc va aussi relier physiquement cette région de la Caspienne aux marchés occidentaux et souder un nouveau bloc de pays (Azerbaïdjan, Géorgie et Turquie) affiliés aux Etats-Unis.
Conflits. De tous les tracés qui étaient envisageables pour évacuer le pétrole de la mer Caspienne, via la Russie ou via l'Iran, celui du BTC est sans doute l'un des plus longs et coûteux (près de 4 milliards de dollars, financés à 30 % par le consortium et à 70 % par les banques gouvernementales américaine et japonaise, la Berd et la Banque mondiale). Le tuyau franchit les montagnes du Caucase, grimpe trois fois à plus de 2 400 mètres d'altitude, et traverse des régions connues pour leurs conflits ethniques (minorités arméniennes en Azerbaïdjan et en Géorgie, problème kurde en Turquie...). Pour les Etats-Unis, l'enjeu valait pourtant tous ces risques : le BTC assurera une nouvelle ligne d'approvisionnement en pétrole indépendante du Proche-Orient et de la Russie, et justifiera la présence américaine dans la région.
Jusqu'à présent, le gros du p