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Libération
Interview

«Une autre mer du Nord»

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publié le 26 mai 2005 à 2h20

Comment décrypter les enjeux d'un pipeline très géopolitique ? Trois questions à Francis Perrin, rédacteur en chef de la revue Pétrole et gaz arabes et président d'Amnesty en France. Entretien.

Quel est le potentiel de la Caspienne ?

Pour des raisons politiques, les Etats-Unis ont longtemps surévalué les réserves de la région, polluant ainsi le débat. La réalité, c'est qu'il s'agit d'une autre mer du Nord, pas d'un nouveau Moyen-Orient. Ce qui est déjà pas mal : cette partie de l'Europe produit du pétrole depuis trente ans, même si ses ressources s'épuisent aujourd'hui. Des experts assurent que la Caspienne se hisse au troisième rang des réserves mondiales ? Tout dépend ce qu'on entend par région... L'ordre de grandeur de 2 à 6 % de réserves semble réaliste. Au Kazakhstan, on a découvert le plus gros gisement de brut depuis trente ans. Un champ «super géant» évalué à 13 milliards de barils, soit l'équivalent de 154 jours de consommation mondiale. Et il reste encore beaucoup d'explorations à faire...

Y aura-t-il un effet sur le cours de l'or noir ?

Difficile à dire, mais c'est peu probable. On estime que, d'ici à quatre ans, la Caspienne pourra produire 4 à 5 millions de barils par jour, autant qu'en Iran. Ce qui devrait à peu près correspondre à l'augmentation de la demande, de 84 millions de barils par jour aujourd'hui. Dans un monde assoiffé de brut, emmené par l'Inde, la Chine et les Etats-Unis, on aura besoin de toutes les régions du monde pour répondre à la consommation. Un