Il ne manquait plus que ça pour embêter nos riches sucriers. Déjà fort marris de la récente condamnation par l'OMC des grosses subventions accordées au sucre européen (Libération du 29 mars), les professionnels recommencent à cauchemarder face à la concurrence peu orthodoxe des pays des Balkans, notamment la Serbie-Monténégro et la Croatie.
Dans un communiqué, voici une semaine, la Confédération internationale des betteraviers européens (CIBE) s'inquiète du retour récent de ces deux pays sur la scène sucrière européenne et parle d'une situation «malheureuse». Pour comprendre pourquoi, petit flash-back.
En 2001, afin de favoriser le redémarrage des pays de la région après la guerre, la Commission européenne décide de leur permettre d'exporter du sucre dans l'Union. Sans droits de douanes et sans limitation de quantité. Histoire de donner un coup de pouce financier à la Serbie et à la Croatie, qui ne présentent a priori pas de danger pour leurs puissants concurrents allemands ou français. Deux ans plus tard, l'UE a de sérieux soupçons. Et pour cause : pendant la campagne 2002-2003, les exportations de sucre des Balkans, autrefois négligeables, grimpent à 320 000 tonnes, soit 2 % du marché européen. Des inspecteurs débarquent en Serbie. Et découvrent l'arnaque : l'essentiel des 320 000 tonnes ne vient pas de Serbie, mais du Brésil et d'ailleurs.
«Les trafiquants achetaient du sucre brésilien sur le marché mondial où le prix est très bas et le revendaient trois fois plus cher en Eu