Il y a beaucoup réfléchi. Longtemps ressassé le jour où son supérieur a déboulé dans la salle de sport où il dispensait un cours, en hurlant devant ses élèves : «T'es un bon à rien !» Il a repensé aux «pressions» et aux «humiliations». Au début, il a cru que c'était une nouvelle manière de gérer les hommes. «Une technique de management que je ne connaissais pas. Je me suis dit que s'il me parlait comme ça, c'est qu'il avait une bonne raison. Une psy est venue nous faire un cours sur la gestion du stress. Je lui en ai parlé. Elle m'a dit qu'il n'y avait pas de nouvelle méthode de management. Elle m'a dit que c'était les méthodes d'un pervers.» Paul (1) a 35 ans. Ancien sportif de haut niveau, il travaille depuis quatorze ans à la sécurité du métro parisien. «On vit comme des cafards.»
Il est l'un des dix agents du service environnement et sécurité de la RATP qui portent plainte aux prud'hommes pour harcèlement moral. Des baraques qui, parfois, pleurent en évoquant leur passé dans l'entreprise publique. D'anciens champions de boxe thaïe ou de karaté, qui avalent antidépresseurs, égrènent les séances chez les psys, les crises de tétanie et les problèmes dermatologiques. «On en a fait des hommes aux aguets», dit leur avocate. Ils auraient subi, entre 2001 et 2003 surtout, humiliations, menaces et sanctions injustifiées. Ils auraient été menés jusqu'à l'épuisement moral et physique. Accusations que la RATP dément.
Maniement des armes
Ils sont aujourd'hui 1 100 hommes en combinaison