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Libération

Ça a le goût du Solex...

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Dans le Pas-de-Calais, une PME fabrique un clone du cycle mythique.
publié le 31 mai 2005 à 2h23

Courrières, envoyée spéciale.

Il suffit de fermer les yeux pour le revoir. La ligne élégante d'un vélo hollandais un peu tassé, les sacoches en skaï, le moteur en forme de bandonéon à l'avant. Et l'entendre : une pétarade unique, un prout interminable au démarrage, et puis le style moustique géant en vitesse de croisière. Il est là, dans l'usine de montage de Dominique Chaumont, 59 ans, à Courrières, dans le Pas-de-Calais, un immense hangar où une vieille radio crachote du Johnny. Mais ne dites pas Solex, celui-là s'appelle Black'n roll. Dominique Chaumont aime pourtant rappeler qu'il est centralien, comme Marcel Mennesson, le fondateur du VéloSolex, mais n'a pas réussi à racheter le nom : ceux qui le possédaient, les Italiens de Magnetti Marelli, filiale de Fiat, demandaient trop cher.

C'est à peu près le même, en plus moderne. On démarre toujours en pédalant. Toujours 35 km/h à fond. Mais pot catalytique, avertisseur électrique, feu stop et frein à tambour en plus. Dominique Chaumont le vend 800 euros et se dit assailli de mails de commande : «Dix par jour. C'est un mythe, comme la mini, la coccinelle ou la deux-chevaux.» On en achetait 2 000 par jour dans les années 60, avec un pic en 68, «pratique pour circuler pendant les grèves, quand on avait plus d'essence, on relevait le moteur et on pédalait». Qui en veut désormais ? «Le retraité qui va chercher son pain, le curé de campagne...»

L'histoire est ancienne. Motobécane avait racheté Solex dans les années 70. Rachetée par Y