Karim Abdelhak, 38 ans, ancien membre de l'équipe de France de judo, était moniteur de sport au service sécurité de la RATP. Il a été mis à la retraite pour inaptitude, avec une pension de 450 euros par mois.
«Au départ, je voulais être chauffeur de bus. J'ai réussi tous les examens, mais j'étais hors quota. Alors on m'a proposé de passer à la sécurité du métro : j'avais fait du judo à haut niveau. Rentrer dans une boîte comme la RATP, quel que soit le boulot, j'étais content. On était en 1993. Sur le terrain, c'était militaire : un gars s'est fait virer parce qu'il n'avait pas mis sa cravate. Moi, ça me convenait. Il m'est arrivé d'être en retard et d'être sanctionné : je ne protestais pas, c'était de ma faute. Tout était carré, j'aimais ça. J'étais même fier. Je me souviens du jour de mon assermentation : devant le juge, j'ai levé la main et juré de servir la justice, de respecter les droits de l'homme. En 1994, je suis passé moniteur de sport des agents de sécurité. Un sportif ne peut rêver mieux. Je passais mon temps dans une salle de sport, j'apprenais le maniement des armes. On ne comptait pas nos heures. Entre nous, c'était un peu l'internat.
En 1995, je me suis syndiqué. On s'est battu pour que les moniteurs touchent une prime de dimanche, comme tous les autres agents de transport. J'ai demandé que les heures sup' soient régularisées : on avait alors un cahier officieux où on notait nos heures à récupérer, sans être payé plus. Je suis devenu leur bête noire. La hiérarc