Il y a peu de débats européens qui fassent apparaître aussi clairement les deux modèles sociaux actuellement en concurrence dans l'Union européenne. D'un côté, le Royaume-Uni, avec ses alliés slovènes et maltais, qui pratiquent l'opt out, et la Pologne et la Slovaquie qui souhaitent l'utiliser, c'est-à-dire s'affranchir de la règle des 48 heures de travail maximales pour tous les salariés. De l'autre, l'Europe régulée, qui, en limitant les horaires, atténue la concurrence sur le dos des travailleurs. Ces deux modèles sociaux sont aussi économiques. Le Royaume-Uni, qui emploie plus de 4 millions de travailleurs sur des horaires hebdomadaires de plus de 48 heures, dont 1,5 million de personnes à plus de 55 heures, a la productivité horaire par salarié la plus basse d'Europe, plus basse encore que celle des Etats-Unis, pourtant réputés champions du monde développé en la matière. Normal, puisque l'absence de barrière aux horaires ne pousse pas aux gains de productivité. En regard, la France, avec ses 37 heures par semaine en moyenne, a la productivité horaire la plus forte du continent. C'est cet affrontement qui doit être tranché par les institutions européennes.
Pour la Confédération économique des syndicats (CES), «la notion même d'opt out doit disparaître du droit communautaire. S'il y a une règle, il ne peut exister de dérogation permanente», explique Katlen Passchier, membre de la direction de la CES. D'autant que la Confédération soupçonne Blair de faire de cette question