François Marland ne supporte pas de passer pour un traître. «J'ai été affublé de tous les noms d'oiseaux, balance, taupe, délateur... Mais la trahison est un terme difficile à avaler pour un fils et petit-fils de résistant.» Hier, l'homme d'affaires qui avait dénoncé anonymement l'affaire Executive Life auprès de la justice américaine, contre une rétribution de 2 % des dommages et intérêts récoltés (soit 30 millions de dollars), attaquait en diffamation Jean-François Hénin, l'ancien dirigeant du Crédit lyonnais qui avait piloté l'opération. Après que Marland se fut dévoilé l'été dernier dans un entretien à Paris Match, Hénin avait donné son sentiment dans les Echos : «Sa double trahison me paraît révoltante, ses motivations ne peuvent être que financières.» Tous deux se sont croisés au tribunal sans échanger un mot ni un regard.
Destins croisés. Jean-François Hénin admet avoir «réagi à chaud» car il l'avait mauvaise. Auparavant, chaque fois qu'on lui demandait si, par hasard, le monsieur X visé dans la procédure américaine ne serait pas Marland, il suggérait une autre piste : «Dans mon fort intérieur, il était totalement inimaginable qu'il ait commis cette délation.» Marland avait plutôt été choyé par le Lyonnais et c'est lui qui avait mis son banquier en relation avec la Maaf, dont il était administrateur, pour monter la reprise de la compagnie californienne. A la barre, Hénin détaille ce qu'il entend par traître : «Trahison du mandat social de la Maaf, dont il devait protég