«Quand tu entres chez Sephora, c'est comme si tu entrais dans une secte. Tu ne vis plus que pour le magasin. Et tu peux faire une croix sur tout le reste, vie familiale comprise. La famille, c'est Sephora, les sentiments en moins.» Jean-Baptiste (1) est conseiller clientèle dans la boutique des Champs-Elysées, à Paris.
Une allure de temple maçonnique avec ses damiers blanc et noir où Buren aurait laissé traîner quelques colonnes, la parfumerie de Jean-Baptiste consacre le virage grande distribution qu'a pris le secteur. Après une période de flottement marquée par le manque de résultats d'un expansionnisme trop tape-à-l'oeil (fermeture des boutiques japonaises en 2001 et moindre rentabilité des magasins cathédrales), Sephora, enseigne du groupe LVMH de Bernard Arnault, a adapté son concept, hystérisant, ces deux dernières années, le culte de la performance. Une stratégie qui a plutôt bien réussi au groupe, puisque fin avril, dans un marché qui connaissait une hausse de 1,4 % de ses ventes, il augmentait son chiffre d'affaires de 12 %. Mais cette tactique a un peu moins réussi aux employés, en majorité des femmes (91 %) et pour la moitié à temps partiel, qui ont dû suivre bon gré mal gré la nouvelle politique imposée par la chaîne. Car, si le glamour s'affiche en vitrine, l'arrière-boutique n'est pas aussi jolie.
Plan de séduction
On est loin de l'institut Vénus Beauté du film de Tonie Marshall, avec ses trois petites esthéticiennes bien sages en blouse rose pâle et sa solide pat