Surenchère et superlatifs. Pour les pays du G8, c'est «historique» (selon Washington). Pour les pays visés tout de suite par l'annulation de la dette, «on dirait un conte de fées» (dixit le ministre zambien des Finances). Pour de vieilles icônes de la lutte antipauvreté, «280 millions d'Africains se réveilleront demain sans devoir le moindre penny de ce fardeau de la dette» (Bob Live Aid Geldof). Des excès pour saluer un accord qui ne constitue qu'une première haie surmontée dans la course contre la montre de la dette. Après tout, seuls 35 milliards de dollars ont été rayés à ce jour après la promesse d'en effacer 100 milliards, il y a six ans.
«Compassionnelle». «Le deal est surtout le moyen pour les leaders du G8 de sauver la face», confie un responsable de l'ONG britannique Oxfam. Blair y verra le moyen de se refaire une image écornée par la guerre en Irak. Bush jouera sur sa politique néoconservatrice mais «compassionnelle». Chirac, lui, rêvera de rebondir sur une fracture mondiale au sujet de laquelle il n'a plus, seul, le ministère du verbe. L'Elysée peut bien rappeler que l'impulsion diplomatique «antidette» est venue du G7 de Lyon, en 1996. Mais le moteur de la mobilisation citoyenne vient d'outre-Manche, d'où, pour ne prendre qu'un exemple, le réseau Jubilee a totalisé, dès 2000, plus de 24 millions de pétitions pour une annulation de la dette. Qui n'en est qu'à son prologue.
Même Gordon Brown, ministre des Finances britannique, le reconnaît, qui parle de point de