Menu
Libération

Des salariés de l'électronique doublement lâchés

Article réservé aux abonnés
publié le 14 juin 2005 à 2h35

Laval envoyée spéciale

André Pavageau se tourne vers la longue façade toute blanche, comme neuve, de l'usine : «Et dire qu'on va peut-être la fermer !» L'usine appartient à Flextronics et André Pavageau est délégué CFDT. Le site, à dix minutes à pied de la gare de Laval (Mayenne), ouvre ses baies sur la campagne. Ambiance bucolique. On y fabrique des téléphones portables et d'autres composants électroniques. Le site est en sursis. Alcatel, qui confiait à l'usine la confection de ses mobiles, a décidé de se retirer du secteur. Il assurait une bonne moitié du plan de charge. La nouvelle est tombée fin mai. L'avenir de Laval est désormais suspendu au résultat, fin juin, d'un appel d'offres lancé par Thalès ­ des cartes électroniques pour Airbus. Le syndicaliste est amer. «Il y a cinq ans, nous étions 1 600 sur le site. Nous ne sommes plus que... 493.» Et bientôt : «Nous serons soit 220, soit zéro», selon que Laval emporte, ou non, le contrat. Après une manif jeudi dernier, la CGT a décidé hier de bloquer les expéditions.

Ralenti. Les salariés ont le bourdon, égarés sur un site qui frôle les 30 000 mètres carrés. La cantine tourne au ralenti : une moitié de salle est utilisée et les chaises sont sur les tables. Le parking est aux trois quarts vide. Didier a été embauché en 1970, à 17 ans. Alain, même âge, est entré le même jour : «Ce jour-là, ils en ont embauché 70 d'un coup, se souvient Didier, c'était l'époque des recrutements massifs.» Dans les années 70, l'usine appartenait à