Il y a quelques semaines, un voyagiste en ligne lançait une campagne publicitaire mettant en scène un ambitieux projet de tunnel sous l'Atlantique : New York à huit heures de train de Paris. C'était un gag. Mais c'est à se demander si la vraie farce ne se trouve pas sous le tunnel sous la Manche, bien réel lui, au grand désarroi de ses actionnaires qui se réunissent aujourd'hui pour une nouvelle assemblée générale, à Coquelles (Pas-de-Calais).
Il y a un peu plus d'un an, la démocratie actionnariale triomphe : aiguillonnés par Nicolas Miguet, désespérés du cours de l'action, les actionnaires renversent la direction du tunnel et propulsent sur scène une nouvelle équipe dirigeante. A sa tête, Jacques Maillot, ex-patron de Nouvelles Frontières, qui monte à la tribune, échevelé, et promet sous les vivats d'«enfourcher son scooter» pour aller chercher à Bercy ce que l'ancienne direction n'avait pas obtenu.
Trou noir. Quatorze mois ont passé et l'équipe des putschistes n'est plus. Exit le député des Yvelines, Pierre Cardo, le directeur financier, Hervé Huas, le patron, Jacques Maillot, et Jean-Louis Raymond, le directeur général. Tous ont quitté leur poste, victimes des guerres de pouvoir et de l'absence de résultat. Eurotunnel a perdu 810 millions d'euros en 2004 et n'a que peu avancé sur la renégociation de sa dette colossale (9 milliards d'euros), ce trou noir qui absorbe par le seul coût de ses intérêts les recettes de l'entreprise, et fait planer la menace d'un dépôt de bilan en