Il y avait le «dîner de cons», traditionnel rendez-vous des petits actionnaires floués d'Eurotunnel. Il y a eu, vendredi, le déjeuner de cons, celui des salariés, inquiets pour l'emploi, et las d'être les oubliés d'un «feuilleton sans fin» que tout le monde résume au malheur des petits porteurs. Sur les pelouses du siège social de l'entreprise, à quelques centaines de mètres de l'assemblée générale, l'intersyndicale de l'entreprise a posé un cercueil («non à la mort de l'emploi») et dressé des barbecues géants où rissolent des merguez. Plusieurs centaines de salariés sont là, sur les 3 200 que compte l'entreprise. Calmes. «On a fait un deal avec la direction, explique un syndicaliste FO. Ils voulaient organiser des visites du site pour faire plaisir aux actionnaires. Nous, on a dit qu'on ne bloquerait pas les cars, à la condition qu'on nous laisse nous exprimer.» Des tracts ont été distribués aux actionnaires. «Si Eurotunnel est encore une très belle entreprise, c'est bien grâce aux salariés qui, malgré les circonstances, ont soigneusement préservé ses intérêts. Ni la prochaine direction, ni les actionnaires ne devront l'oublier.»
«On a l'impression que les actionnaires voteront pour le type qui leur promet de virer le plus de monde, dit un conducteur de train, 39 ans, comme si cela suffisait à régler les problèmes. Sauf que c'est plus compliqué : l'entreprise tourne, elle gagne de l'argent, mais tout est bouffé par la dette. Supprimer l'emploi, ça réduira l'activité, mais pa