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Libération
Interview

«Il fait du chômage un problème individuel»

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Bernard Gomel, spécialiste des politiques de l'emploi, regrette que Villepin n'engage pas une politique de relance:
publié le 20 juin 2005 à 2h40
(mis à jour le 20 juin 2005 à 2h40)

Bernard Gomel, chargé de recherches au CNRS, travaille au Centre d'études de l'emploi (CEE). Il est spécialiste des politiques de l'emploi.

Le plan de «bataille pour l'emploi» de Dominique de Villepin n'est-il pas un peu fourre-tout ?

Tous les leviers d'intervention sont utilisés dans l'urgence (le chômage dépasse les 10 %), ce qui ne facilite pas la lisibilité de la politique de l'emploi. Par exemple, le crédit d'impôt de 1 000 euros pour les jeunes qui acceptent des postes dans des secteurs «connaissant des difficultés de recrutement» pointe le paradoxe de la coexistence d'un chômage de masse avec des emplois non pourvus, dans des secteurs où il s'agit surtout d'améliorer les conditions de travail et d'emploi pour les rendre plus attractifs. Dans le même temps, 1 000 euros seront également versés par l'Etat comme prime à la reprise d'activité à tout bénéficiaire d'un minimum social au chômage depuis plus d'un an. Il s'agit cette fois de faciliter le retour à l'emploi en incitant les bénéficiaires des minima sociaux à (re) travailler. L'impératif de remise au travail des personnes qui en sont a priori les plus éloignées ­ déjà présente avec les contrats d'avenir du plan Borloo ­ répond à l'idée selon laquelle les revenus sociaux (minima, allocations chômage) «désincitent» à travailler. Comme si, à force de se comparer à ses voisins ­ notamment au taux de chômage anglais ­, à force de se répéter «On est les plus mauvais, les seuls à ne pas s'en sortir», la Fra