Bienvenue en France. Malgré une dette de 9 000 euros à des «têtes de serpents», le surnom des passeurs (lire ci-contre), Guo y a cru. Au bout de deux mois sur le sol parisien, il gagnait 450 euros. Quand le boss sortait de l'atelier de confection, il fermait la porte à clé. Il est sorti une fois en vingt-trois jours. Puis, il a quitté son boulot pour la plonge. C'est mieux. Il dit : «J'y travaille douze heures par jour et six jours par semaine. Pour 300 euros par mois. Je mange et je dors dans le restaurant. C'est comme une peine de mort.»
Tuberculose. Soeur A., elle, a vendu sa maison 6 300 euros en Chine pour payer une partie de son passage en France. Elle a commencé comme nourrice dans une famille chinoise : lever à 5 heures, coucher à minuit. Puis elle a encastré des boutons dans des vêtements dans un taudis de banlieue. Elle est maintenant domestique d'un Français de 60 ans. Royal, il l'héberge et lui donne parfois un peu d'argent de poche «60 euros par mois». Ex-banquier en Chine, les Ying s'installent en Bulgarie en 1998. Rackettés, ils contractent une dette de 1 500 euros pour passer en France. Montant quotidien des intérêts : 150 euros ! Lui en gagne autant par mois, à Paris, dans une sandwicherie. Soit le montant du loyer d'un bouge de 10 m2, sans chauffage. Elle a la tuberculose, et pas de quoi payer le lait pour leur bébé.
«Servitudes pour dettes.» Ces histoires sont tirées d'un rapport de l'Organisation internationale du travail (1), le Trafic et l'exploitation de