C'est un sujet à manier avec précaution. Quels sont les véritables effets sur l'économie de la réduction du temps de travail instaurée par les lois Aubry de 1998 ? A droite, les libéraux saisissent la moindre occasion pour dézinguer les 35 heures, qualifiées d'aberration dirigiste, sans effets sur l'emploi. A gauche, c'est la mesure emblématique d'une politique économique qui a su créer des emplois. Economie et statistique, la revue trimestrielle de l'Insee, dresse un bilan complet de la RTT, loin des polémiques et des approximations. Un tableau qui va des effets des 35 heures sur la productivité des entreprises aux conséquences sur la vie privée, et qui dresse surtout un comparatif du nombre d'emplois finalement créés par la RTT par rapport aux simulations réalisées avant le passage aux 35 heures. Au final, ni cataclysme ni miracle. La baisse du temps de travail traverse l'économie française de toutes parts, avec quelques effets inattendus.
Des emplois, mais combien ?
Aujourd'hui, tous les experts s'accordent sur le chiffre. La RTT aurait créé en France, entre 1998 et 2002, aux alentours de 350 000 emplois, pour 2 millions de postes créés sur la même période. Quatre chercheurs de la Dares explorent ce chiffre, en rapprochant les prévisions faites avant le passage aux 35 heures et les chiffres définitifs. Avant 1998, les experts tablaient sur la création de 600 000 à 700 000 emplois. A l'arrivée, une différence de près de 300 000 postes, que les chercheurs expliquent assez facilement. «Le temps de trava