Les Chinois sont décidément incorrigibles. Alors que les économies occidentales sont tétanisées devant l'envolée du prix du baril, qui a franchi jeudi soir la barre des 60 dollars à New York, et se maintenait vendredi soir légèrement en dessous de ce seuil, les autorités chinoises n'ont rien trouvé de mieux que d'annoncer, via le quotidien China Daily, leur volonté de se constituer, dès cette année, des réserves stratégiques dans le but de sécuriser leurs approvisionnements.
Réserves. Leur objectif est de mettre de côté, d'ici trois à cinq ans, des réserves pouvant aller jusqu'à 100 millions de barils, soit un mois de consommation. Avec une hausse de 34,8 % de ses importations en 2004 (120 millions de tonnes de barils), la Chine est devenue le deuxième importateur mondial derrière les Etats-Unis.
Une telle annonce n'est pas du genre à calmer les courtiers du monde entier. «Aussi longtemps que la demande mondiale restera élevée, nous ne devons pas nous attendre à court terme à ce que les prix baissent de manière importante», assure Victor Shum, analyste chez Purvin and Gertz, évoquant un baril entre 50 et 60 dollars «pour le reste de l'année». Les raisons de cette surchauffe planétaire sont connues. Du côté de la demande, la croissance mondiale, tirée notamment par l'Asie et les Etats-Unis, ne mollit pas vraiment. Et du côté de l'offre, la situation est toujours aussi tendue. Faute de capacité de production disponible, les pays membres de l'Opep ne parviennent pas à vendre plus