Elle a fait mille boulots et venait de dégoter un contrat local de prof au lycée français d'Abidjan. Lui dirigeait la filiale d'un grand groupe français de tuyauterie industrielle. Sur la base militaire française de la capitale économique, attendant d'être évacués vers la France, il était tellement en colère qu'il parlait de «tout fermer». Mais, dès son arrivée en région parisienne, Serge passe quatre heures par jour au téléphone avec ses employés. Finalement, au bout d'une semaine, il décide de repartir, seul. «Passé 50 ans, vous voulez faire quoi en France ?» commente Aline. Elle rigole : «Je suis un peu femme de marin maintenant. Heureusement qu'on a vingt-cinq ans de mariage !» Tandis que son homme est parti pour faire les allers-retours «pendant au moins cinq ans», elle se pose après une quinzaine d'années de pérégrinations d'un continent à l'autre. Les enfants, 13 et 16 ans, se remettent doucement des émotions d'un départ «très brutal».
Consultante en marketing, responsable de formation professionnelle, elle a abandonné de bons jobs en France pour une succession de petits boulots et d'activités bénévoles à l'étranger. «J'ai toujours connu la flexibilité, j'ai toujours suivi mon mari. J'avais envie de faire quelque chose pour moi, raconte-t-elle. Et puis la faculté de s'adapter partout ne vous donne aucune reconnaissance sociale, c'était devenu lassant.» Au retour de Côte-d'Ivoire, elle n'a «droit à rien». Ni poste dans un lycée français, puisqu'elle était recrutée à l'é