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Libération

Le marathon du bana bana

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publié le 27 juin 2005 à 2h44

Abdoulaye, la vingtaine, est bana bana au Sénégal. Dans les rues de la capitale, il vend, sur une étagère portable en bois, montres, lunettes, radios et autres babioles.

«Je suis un ambulant. Ambulant, c'est quelqu'un qui a sa marchandise et qui marche beaucoup pour la vendre. Je me lève tous les jours à 9 heures et je quitte mon quartier, Liberté VI, à 10 heures. En gros, je marche huit heures par jour, mais je change de trajets. Je vais là où il y a du monde : vers l'université qui n'est pas loin du centre-ville, aux abords des marchés, sur les plages. Je sillonne aussi les grandes artères. Comme il y a toujours des embouteillages à Dakar, j'ai le temps de vendre un truc ou deux aux automobilistes. Je me promène toujours un chiffon à la main pour épousseter ma marchandise et la faire briller. Je garde le sourire.

Vers 14 heures, je me repose pendant une heure à l'ombre d'un arbre près de l'université de Dakar. Je rejoins mon frère qui est aussi bana bana et nous nous allongeons sur des sacs de riz. J'en profite pour manger dans les cantines de femmes qui préparent des plats locaux et, après, je recommence à marcher dans Dakar. Je rentre le soir chez moi vers 19 heures.

Le plus dur ? C'était le début ! Je marchais des kilomètres et des kilomètres, et je ne vendais rien. J'avais vraiment mal aux pieds, mais je me disais que c'était une étape que Dieu me faisait passer et qu'après il me donnerait quelque chose de meilleur. Le soir, je me posais beaucoup de questions : le boulot