De chef d'une exploitation avicole de 300 hectares dans la brousse ivoirienne à manutentionnaire au Smic à Toulouse, il est tombé de haut et ça lui a plutôt donné de l'élan. A 30 ans, Daniel Carrascosa a la gnaque : «Je vais travailler avec le sourire. Reprendre à zéro, ça me dope, j'ai envie de dépasser tout le monde.» Sa première expérience professionnelle a été la ferme de ses parents du côté de Toumodi, petite ville au nord d'Abidjan. A la mort de son père, il prend en main l'élevage de poules pondeuses. L'affaire tourne bien, Daniel multiplie par deux les volatiles, double le personnel. Quelques années et une rébellion plus tard, il n'a même pas eu le temps de mettre la clé sous la porte. Il part «une main devant, une main derrière», avec, pour bagage, son passeport français et sa carte d'identité ivoirienne. La ferme est pillée par la foule, chauffée par les appels «patriotiques» de la radio d'Etat. La veille, l'armée française a détruit l'aviation ivoirienne. Une moitié de vie en Afrique s'achève.
Retour en France où sa femme et ses trois enfants vivent depuis deux ans. «Après quatre mois de chômage, je me suis inscrit dans une boîte d'intérim, raconte l'ex-jeune patron. Il y avait urgence, je ne pouvais pas vivre avec 450 euros par mois d'allocation. J'ai décroché une mission comme manutentionnaire de base dans une entreprise de logistique. Au bout de deux mois, on m'a proposé un CDD comme chef de quai et j'espère intégrer complètement l'équipe.» De ce «petit boulot t