Les services de peer-to-peer peuvent-ils être tenus responsables pour les actes des millions de «pirates» qui se gavent de musique et de films gratuits grâce à eux ? Oui, s'ils encouragent activement ces atteintes au droit d'auteur, ont répondu hier à l'unanimité les neuf juges de la Cour suprême américaine, offrant ainsi une importante victoire aux majors de la musique et à Hollywood. Cette décision, l'une des plus attendues depuis le procès du magnétoscope dans les années 80, devrait redessiner les relations souvent conflictuelles entre technologie et industries culturelles. Poursuivis par ces dernières, les services de peer-to-peer (P2P) Grokster et Morpheus seront bien jugés pour infraction au droit d'auteur et pourraient fermer dans les mois à venir. «Quelqu'un qui distribue un produit et en fait la promotion afin d'enfreindre le droit d'auteur [...] est responsable pour les actes résultants d'infraction par des tierces parties», a écrit le juge Souter pour la Cour dans un avis qualifié d'«historique» par Edgar Bronfman Junior, le patron de Warner Music.
Betamax. Le feuilleton «MGM vs Grokster», petit nom sous lequel est connue cette affaire, remonte à octobre 2001. La Metro-Goldwin-Mayer et vingt-sept autres studios de cinéma et des maisons de disques avaient poursuivi en justice Grokster et Morpheus, services de P2P accusés d'encourager des violations du copyright avec leurs logiciels permettant la mise en commun de tous les fichiers des utilisateurs. En première insta