Claire, 35 ans, est diplômée en esthétique. Après trois ans passés dans une grande chaîne de coiffeurs, elle a rendu sa blouse, refusant la banalisation de sa compétence d'esthéticienne.
«Le lundi est le jour de repos hebdomadaire des coiffeurs. Pour moi, ça signifiait que je n'aurais pas à enchaîner les shampoings, faire bouillir l'eau pour le thé, faire la vaisselle, brosser les peignoirs, répondre au téléphone pour prendre les rendez-vous, et passer le coup de balai sur le carrelage blanc du salon. A la base, je suis maquilleuse-esthéticienne. Comme mes différentes tâches, le mois dernier encore, ne le montraient pas. Après un an d'activité dans ce salon de la région toulousaine, intégré à une grande chaîne, mon contrat d'esthéticienne s'est transformé et déformé jusqu'à devenir celui d'un bouche-trou, et j'ai décidé de dire "stop".
J'ai été embauchée en 2002 pour maquiller les futures mariées, relooker les clientes aux cheveux fraîchement "bigoudés", les rattraper avant leur passage en caisse pour quelques conseils. Je devais rendre la femme plus belle mais en un minimum de temps. Quand vous avez une mariée super-stressée, sa mère qui en rajoute et les copines qui papillonnent autour, ce n'est pas évident de tenir la cadence. C'était une super-école de rapidité. Un conseil maquillage ne devait pas durer plus de cinq minutes. C'était calculé. Pas le temps de perdre du temps. Je me sentais parfois frustrée de ne pas avoir été jusqu'au bout avec une cliente, d'avoir bâclé un