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Interview

Abdoulaye Wade : «Le G8 doit nous épauler pour gérer l'aide»

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G8. Abdoulaye Wade, président sénégalais et coordonnateur de la dette pour l'Union africaine:
publié le 4 juillet 2005 à 2h51

Abdoulaye Wade, président de la République sénégalaise, est l'un des instigateurs du Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), sorte de plan Marshall défini par les chefs d'Etat africains en 2001 et adoubé en 2002 lors du G8 de Kananaski (Canada).

Que pensez-vous de l'annulation de la dette de 18 pays, dont le Sénégal ?

Ce geste ne porte que sur 14 des 53 Etats africains et ne concerne pas toutes les dettes. Le fardeau est énorme, et nous, Africains, n'avons pas la conviction que nous devons tout cet argent qu'on nous réclame. J'ai proposé une méthode qui s'appelle la radioscopie de la dette, un audit. Il faut l'examiner comme on examine une maladie à la radio, voir exactement par quels actes on a contracté des créances, quels sont les taux prévus au départ, les taux appliqués, qu'est-ce qu'on va payer ou ne pas payer. Or plusieurs pays africains ont déjà payé leur dette deux ou trois fois. Car, avec les intérêts, on leur réclame encore deux ou trois fois le même montant ; alors qui a fait les calculs, sur quelles bases ? A ce rythme, l'Afrique croulera encore sous les dettes dans deux cents ans. On n'en voit pas le bout. Personne ne peut calculer le moment où l'on sortira de cette spirale.

Annuler la dette permettra-t-il de lutter contre la pauvreté ?

L'annulation partielle de la dette nous permet de résoudre partiellement les problèmes. Mais la pauvreté n'est plus une question de seuil, de vivre avec un dollar par jour par exemple (les institutions internationales définissent l'extrême pauvreté en deçà de ce seuil, ndlr). La pauvreté, c'est un ensemble ; c'est ne pas avoir accès à la santé